Depuis le début des années 1990 et son intégration au cœur du marché musical, le rap est à la fois un terrain d’expérimentations économiques et un facteur particulièrement significatif des mutations du paysage des industries créatives. Le développement de ce genre musical est ainsi pionnier dans la mise en place d’un modèle d’exploitation des nouveaux courants musicaux dans le cadre d’un oligopole à franges concurrentielles, qui s’est généralisé dans les années 2000 et a renouvelé le sens que l’on peut prêter à la notion d’« indépendance ».
Il est aussi l’un des secteurs de l’industrie du disque qui a été transformé le plus tôt et le plus fondamentalement par le développement des technologies numériques, introduisant de nouveaux modes de production liés à la MAO, aux home studios et à un fort degré de coopération à distance entre artistes, de nouveaux modes de consommation marqués par la dématérialisation du produit musical, et de nouveaux modes de promotion dans lesquels la e-réputation est cruciale.
De ce point de vue, le rap fait office de véritable laboratoire des mutations des industries culturelles, d’autant qu’il reste, quarante ans après son arrivée en France, une musique privilégié par les nouvelles générations de consommateurs de musique et de contenus culturels. C’est en ce sens qu’étudier ce segment des marchés musicaux peut se révéler riche d’enseignements quant aux transformations en cours plus largement dans les industries culturelles.
Ce projet de recherche s’inscrit dans la continuité de la collaboration nouée en 2017 avec le DEPS en vue d’une meilleure connaissance des pratiques, de l’économie et des publics des musiques hip-hop en France. Cette collaboration engage notamment l’équipe du projet dans la préparation d’un ouvrage de synthèse pour la collection « Questions de culture » proposant une perspective d'ensemble sur les musiques hip-hop contemporaines (économie, publics, géographie, institutionnalisation…). Le travail sur les données GfK vise notamment à enrichir plusieurs des chapitres de cet ouvrage, dont un chapitre complet consacré à l’économie des musiques hip-hop.
L’objectif de cette recherche est triple. Nous souhaitons ainsi à la fois :